L’addiction est une envie répétée à laquelle on est incapable de résister. Définition, signes et traitements…
Dans cet article, tu trouveras des informations simples pour y voir clair et des conseils pour aller vers la voie de la guérison ou encore aider un proche addict.
Au programme :
- Comment définir l’addiction ?
- Quels sont les signes de l’addiction ?
- Quels sont les deux types de l’addiction ?
- Quelles sont les causes de l’addiction ?
- Quels traitements pour soigner l’addiction ?
- Comment aider un proche addict ?
Temps de lecture : 7 minutes 🕦
Comment définir l’addiction ?
Une addiction est l’envie irrépressible (à laquelle on ne peut pas résister) et répétée de consommer ou de faire quelque chose qui procure du plaisir.
Dit comme ça, où est le problème ?
Le problème réside dans le fait qu’on ne peut pas résister à cette envie et qu’elle se répète alors même que :
- On est conscient des effets néfastes de cette addiction sur la santé psychique et physique.
- L’addiction a des impacts négatifs sur la vie professionnelle, scolaire, familiale et/ou sociale.
- L’envie est toujours là malgré des efforts pour diminuer voire arrêter la consommation ou la pratique.
Autrement dit, l’addiction est cette envie répétée qui est hors de contrôle !
Quels sont les signes de l’addiction ?
Les signes de l’addiction sont répertoriés dans la 5ème édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et des troubles psychiatriques (DSM-5).
Voici les 11 critères qui indiquent qu’il y a addiction :
- Un besoin irrépressible de consommer ou de faire quelque chose (jouer aux jeux vidéos ou travailler par exemple)
- Une perte de contrôle sur la quantité ingurgité ou encore le temps passé dédié à la pratique addictive
- Beaucoup de temps consacré à recherche la substance addictive ou à pratiquer
- Une augmentation de la “fenêtre de tolérance” : il fait toujours plus pour procurer la même quantité de plaisir
- Des symptômes physiques et psychiques lorsque la personne diminue ou arrête sa consommation ou pratique : c’est le syndrôme de sevrage (nausées, maux de tête, sueurs, anxiété, irritabilité, insomnies…)
- Une incapacité de remplir des obligations importantes
- Une consommation ou pratique, même lorsqu’il y a un risque physique
- Des problèmes personnels et/ou sociaux persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance ou pratique addictive
- Un désir ou des efforts persistants pour diminuer la dose ou la pratique
- Des activités réduites au profit de la consommation ou de la pratique
- Une poursuite de la consommation ou pratique malgré des dégâts corporels ou mentaux
Dans ce manuel médical est aussi indiqué l’intensité de l’addiction en fonction du nombre de critères présent chez la personne concernée :
- 2 à 3 critères : addiction faible
- 4 à 5 : addiction modérée
- 6 ou plus : addiction sévère
👉 Même une addiction “faible” doit être prise au sérieux. Peu importe son intensité, une addiction reste souvent difficile à s’en débarrasser sans l’aide d’un médecin et/ou d’un psy. Pour avoir des conseils sur comment soigner une addiction ou comment aider un proche addict, va vers la fin de l’article.
Quels sont les deux types d’addictions ?
Il y a deux grands types d’addictions :
- Les addictions avec substance
- Les addictions comportementales (sans substances)
Voici une liste non exhaustive des différentes addictions avec substance (peut être que certaines vont te surprendre !) :
- Alcool
- Tabac
- Cigarette électronique
- Drogues
- Médicaments
- Sucre
- Nourriture (certains troubles du comportement alimentaire comme la boulimie)
En ce qui concerne les addictions comportementales :
- Jeux d’argent et de hasard
- Jeux vidéo
- Sexualité
- Pornographie
- Travail
- Achats (oniomanie)
- Sport
- Internet / réseaux sociaux
Quelles sont les causes de l’addiction ?
Il y a plusieurs causes, et souvent elles se chevauchent. Autrement dit, c’est rarement une seule cause qui explique l’addiction. Il y a des causes propres à l’individu, d’autres liées à son environnement et enfin des causes en lien avec la substance ou la pratique elle-même.
Reprenons, point par point.
Les causes liées à l’individu
Certaines personnes ont plus de chances d’avoir une ou plusieurs addictions. Cela peut s’expliquer par leurs gènes (on parle de vulnérabilité génétique à l’addiction), par une fragilité psychique (mauvaise estime de soi, anxiété…) ou encore des troubles mentaux (TDAH, dépression, trouble bipolaire, etc.).
Les causes liées à l’environnement
L’environnement dans lequel évolue une personne peut aussi l’influencer dans sa consommation ou pratique addictive. Par exemple si le contexte familial ou social est difficile, ou encore si le produit addictif est disponible et facilement accessible (un ado dont les amis fument du cannabis, une famille où l’on boit beaucoup d’alcool, des proches qui consomment beaucoup et banalisent la drogue dans des contextes de fête…).
Les causes liées à la substance ou pratique
Quels traitements pour soigner une addiction ?
Le traitement pour soigner une addiction peut consister en :
- Une prise de médicaments (et son suivi par un médecin)
- Un accompagnement psy
- Un accompagnement social (via un groupe de parole par exemple)
A noter que plusieurs éléments sont très souvent nécessaires pour soigner durablement une ou plusieurs addictions : par exemple une prise de médicaments ainsi qu’un suivi psychologique.
Pour bien comprendre tout ça, il est important que tu saches comment se met en place une addiction.
Mini zoom sur comment une addiction se met en place
Quand une personne consomme de l’alcool ou joue aux jeux vidéo par exemple, cela lui procure du plaisir. Concrètement, des hormones comme la dopamine et la sérotonine sont libérées dans son cerveau. C’est ce qui lui procure du bien-être et du plaisir. Comme son cerveau a eu un super cocktail hormonal, la personne va répéter l’action qui a déclenché tout ça.

Mais au fur et à mesure que la personne répète son action, le taux de dopamine diminue. La personne est entrée dans une phase où il lui faut toujours plus consommer ou pratiquer pour ressentir le même niveau de plaisir. En gros, son corps et son cerveau sont moins sensibles aux effets du produit ou de la pratique et elle doit augmenter les doses !
La dernière phase de la mise en place de l’addiction consiste en une perte de contrôle. Le cerveau est complètement perturbé et la personne a de moins en moins la capacité de s’auto-réguler : le produit ou la pratique devient irrésistible…
Revenons à nos moutons
Comme chimiquement c’est le bordel dans le cerveau, il existe des médicaments qui aident à réguler la personne pour certaines addictions.
Dans tous les cas, si tu as une addiction ou connais quelqu’un d’addict, la première étape consiste à consulter un médecin de confiance (médecin généraliste ou encore un addictologue). Je dis bien “médecin de confiance” pour que 1) la personne se sente le plus à l’aise possible pour parler de son addiction ; 2) et qu’elle se sente écoutée… Il y a de supers médecins mais aussi parfois des médecins expéditifs et jugeants (ce sont des êtres humains imparfaits comme nous tous et toutes !).
Au-delà d’un traitement médicamenteux, un accompagnement psy est très souvent nécessaire pour éviter les rechutes. Pourquoi ? Derrière une addiction, il y a souvent des difficultés psychiques et émotionnelles (faible estime de soi, contexte familial / social difficile, traumas, etc.). Consulter un psy c’est se donner les moyens de comprendre les causes d’une addiction et trouver des solutions pour être mieux dans sa peau. A noter que pour les addictions comportementales, l’accompagnement psychologique est la seule porte de secours (notamment les TCC, les thérapies cognitivo-comportementales).
Enfin, un soutien social peut faire du bien via un groupe de parole. Le partage d’expériences peut permettre de développer et renforcer des stratégies de gestion de l’addiction. Le soutien apporté par le groupe peut aussi aider à soulager le malaise (sentiment de honte, culpabilité…) qui accompagne parfois l’addiction : on n’est désormais plus seul(e) face à ça !
Comment aider un proche addict ?
Je ne vais pas donner une recette miracle, mais des conseils pour t’orienter. Libre à toi de retenir tel ou tel conseil selon sa pertinence par rapport au contexte dans lequel ton proche évolue.
Conseil 1
Aborder frontalement le sujet avec ton proche est un exercice délicat : il ou elle peut se braquer, être dans le déni, réagir de manière violente… Malgré cela, la discussion peut amener à une prise de conscience. Voici quelques conseils pour que l’échange se passe le mieux possible pour vous deux :
- Aborde le sujet en focalisant sur l’impact de l’addiction sur votre relation et/ou sur toi plutôt que sur l’addiction elle-même : en quoi son addiction est-elle problématique pour le lien qui vous unit ? Parle des émotions que cela génère en toi. L’idée n’est pas de juger l’autre, de la culpabiliser (ça peut la faire vriller ou la braquer !) mais de faire prendre conscience que l’addiction a aussi un impact sur toi.
- Pose des questions et écoute attentivement. Écoute pour comprendre. N’écoute pas pour répondre. Plus tu seras dans l’écoute, plus tu auras des “billes” pour orienter cette personne. Par exemple, si elle finit par t’avouer que l’addiction l’aide à soulager ses émotions, peut être que tu peux lui proposer d’aller voir un médecin ou un psy pour l’aider à réguler ses émotions autrement qu’à l’aide du produit ou de la pratique addictive.
- Enfin, si malgré tes tentatives de dialogue, cela n’aboutit à rien ou que la personne réagit trop mal et ne veut rien n’entendre, n’insiste pas. Et lis les conseils suivants.
Conseil 2
Parles-en à des proches de confiance, et notamment des proches de ton proche (son entourage quoi !). C’est un peu comme si tu formais un réseau d’alliés : ils peuvent te donner des conseils intéressants, et eux-mêmes en parler à ton proche addict. Le fait que plusieurs personnes alerte ton proche sur son addiction peut l’aider à prendre conscience du problème et l’inciter à se faire soigner.
Conseil 3
Tu peux aussi demander conseil à ton médecin ou ton psy si tu consultes : comment il ou elle ferait pour aider ton proche ?
Conseil 4
Enfin, protège toi. Si cette addiction a des répercussions trop lourdes sur toi (impact émotionnel, relationnel, psychique, physique…), prends soin de toi. Cela passe parfois par s’éloigner de cette personne. Attention au syndrôme du sauveur : ne cherche pas à sauver l’autre, à tout prix. Au mieux, tu peux inspirer l’autre à prendre soin d’elle. Dans tous les cas, prête attention à l’impact de cette relation et du comportement addictif sur toi. Si besoin, ne reste pas seul(e) : parles-en à des proches, ton psy, ton médecin généraliste, ta voisine de confiance…
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