Comment définir l’estime de soi ? Les chercheurs et praticiens ne sont pas d’accord entre eux. La bonne nouvelle est que cette pluralité de théories est salutaire !
Pourquoi ? Parce que tous ces points de vue permettent d’appréhender la notion d’estime de soi à travers une diversité d’exemples. Et ces exemples permettent de toucher une diversité de personnes.
Au programme de cet article :
- Une définition simple pour commencer
- Pourquoi questionner son estime de soi ?
- Les différentes théories de l’estime de soi
- La différence entre confiance en soi et estime de soi
⏳ Temps de lecture : 9 minutes
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Comment définir l’estime de soi ? (définition simple)
Selon le dictionnaire Larousse de la psychologie, l’estime de soi est l’attitude plus ou moins favorable envers soi-même.
Autrement dit, c’est la manière dont on se considère, le respect que l’on se porte, l’appréciation de sa propre valeur dans tel ou tel domaine (l’aspect physique ou encore la réussite sociale). Cela revient à se dire “Suis-je valable ?”. Chez moi, la question qui revenait souvent lors de ma psychothérapie était “suis-je digne d’intérêt ?”.
Pourquoi questionner son estime de soi ?
Te questionner sur le jugement que tu portes à ton égard est important à plus d’un titre :
- Peut être que tu vas réaliser que ton estime n’est pas si bonne.
- Tu vas sûrement te questionner sur le pourquoi de la chose.
- Tu vas alors découvrir d’où ça vient et que les croyances héritées de ta famille, de la société, etc. t’ont profondément façonné(e) et impactent ton quotidien.
- Tu vas peut-être même capter à quel point certaines croyances ne t’appartiennent pas (et qu’elles sont plus handicapantes qu’autre chose).
- Et enfin que tu as la capacité de créer un nouveau récit sur toi-même et d’améliorer ton estime. A ce propos, je ne peux que recommander la lecture de Vivre avec son passé de Charles Pépin.
Alors oui, le chemin prend du temps. Mais ça en vaut la peine.
Car améliorer l’estime de soi revient à goûter et à cultiver un sentiment de liberté et d’indépendance vis-à-vis du regard des autres. Comme le dit si bien l’artiste Nina Simone :
« I’ll tell you what freedom is to me. No fear”
Les théories de l’estime de soi
Après une première définition relativement simple, place aux différentes théories de l’estime de soi.
Pour cela, je me réfère à la vidéo de l’inimitable Pierre Bordaberry ! Il est Docteur en psychologie et youtubeur de l’excellente chaîne de vulgarisation PsykoCouac.
Empruntant ses mots, je te propose de “foutre un peu le bordel dans ce que tu as compris”.
L’objectif n’est pas de te faire un cours théorique ! Mais une synthèse des grandes idées pour que tu te fasse ta propre idée.
En début d’article, j’affirmais qu’estimer sa propre valeur revenait à se poser la question “suis-je valable ?”.
Chaque théorie que je vais te présenter revient à se poser une question fondamentale en particulier.
Théorie 1 : “te sens-tu capable de faire ce qu’il faut ?”
Cette première théorie lie énormément l’estime à la confiance en soi. En gros, elle affirme que l’estime de soi est l’évaluation de tes compétences et de tes succès. Autrement dit, elle dépend du jugement que tu portes sur tes actions : est-ce que tu t’en sors dans la vie ? Est-ce que tu as du respect pour ce que tu entreprends ?
Théorie 2 : “es-tu bien traité par les autres ?”
Contrairement à la théorie précédente, l’estime de soi est ici une évaluation externe. Pour certains auteurs, elle dépend de comment les autres te voient. Cela explique pourquoi les personnes moquées, maltraitées, ou subissant des stéréotypes négatifs ont plus souvent une mauvaise estime d’elles-mêmes. Avec une telle conception, on comprend alors qu’améliorer son estime de soi revient à s’entourer de personnes bienveillantes.
Théorie 3 : “quelle est ton estimation de ta position sociale ?”
D’autres chercheurs affirment que l’estime de soi dépend de ta position dans la hiérarchie sociale. Mais de quelle hiérarchie parlons-nous ? Cette question est importante car elle conditionne ton estime.
Dans sa vidéo de vulgarisation, Pierre Bordaberry prend un exemple très parlant. Je cite : “Si tu fais partie des prolos, mais que dans ta famille tu es le chef de famille, ton estime de soi peut être bonne. En revanche, si tu te focalises plutôt sur ta place dans la société au global, et bien en tant que prolo, ton estime de soi peut être très faible”.
Théorie 4 : “es-tu capable de prendre soin de toi ?”
Cette théorie postule que ton estime dépend de ta capacité à prendre soin de toi. Par là, on entends ta capacité à maintenir ton attention sur toi et prendre soin des conditions internes et externes qui favorisent ton bien-être.
Théorie 5 : “es-tu capable de construire ta vie en fonction de tes besoins ? ”
En cohérence avec la théorie précédente, il y a des auteurs qui affirment que l’estime dépend de ta capacité à remplir tes besoins fondamentaux. Par exemple : ton besoin d’affection, de stimulation ou encore de liberté. En gros, si tu réponds à tes besoins fondamentaux ou si tu sens que tu peux y répondre, alors tu as une bonne estime de toi.
Théorie 6 : “comment gères-tu le fait que tu vas crever ?”
Enfin, l’estime de soi serait une stratégie pour te donner une importance et une place dans le monde, et ainsi te protéger de l’angoisse de la mort. Les stratégies de protection sont multiples : être dans le déni, occuper son temps avec pleins d’activités, ou avoir certaines croyances comme croire en la vie après la mort, laisser une trace dans le monde…
Une diversité de théories salutaire
L’estime de soi est peut-être, au fond, un peu de tout ça ; ou bien ce n’est qu’une partie de ses théories. C’est tout l’objet des débats !
Personnellement, je trouve que cette diversité théorique est salutaire. En effet, elle aide à se questionner à travers différents prismes, et à repérer éventuellement ce qui est handicapant dans sa vie, ce qui nous empêche de nous sentir légers et libres.
Différence entre la confiance en soi et l’estime de soi
Définition de la confiance en soi
La confiance en soi peut se définir comme la foi en sa capacité à agir.
C’est se dire : “je suis capable”. C’est l’évaluation des compétences et des capacités.
A la lecture de différents articles sur le sujet (et notamment cette étude) , je comprends que pour certains chercheurs la confiance en soi est UN des éléments de l’estime de soi, au même titre que l’acceptation ou encore l’amour de soi.
Pour d’autres, la confiance en soi a une place prépondérante (c’est le cas de la théorie #1 exposée juste avant).
Les cercles vertueux et vicieux de la confiance et de l’estime de soi
Un cercle vertueux ou vicieux peut alors se manifester entre la confiance et l’estime de soi. Très schématiquement, le cercle vertueux pourrait donner ça :
J’ai confiance en ma capacité à agir dans tel ou tel domaine. Je passe à l’action (je prends éventuellement des risques et sors de ma zone de confort). Malgré les échecs (ou plutôt grâce aux échecs), j’apprends ainsi de nouvelles choses. J’ai donc de nouvelles compétences et/ou je les renforce. Mon estime de moi augmente.
Pour dire les choses autrement, mon état d’esprit crée un contexte qui renforce mes chances de connaître des succès.
Mais comment oser et sortir d’une zone de confort lorsque de base l’estime de soi est fragile ? Quand l’estime de soi est fragile, un cercle vicieux peut s’installer :
Je ne me sens pas valable. Je n’ose pas, par peur d’être mal jugée. J’ai peur d’agir par peur d’échouer et de valider ainsi ma croyance. Ainsi, je n’expérimente pas et j’apprends moins en chemin. In fine, je me donne tout simplement moins de chances de réussir.
C’est très schématique (et donc réducteur), étant donné qu’on peut aussi avoir un cas de figure où une personne a une faible estime tout en ayant foi dans ses capacités à agir dans un domaine en particulier. Par exemple, une mère de famille qui se considère être indigne d’intérêt et qui par ailleurs a confiance en sa capacité à gérer sa vie au quotidien.
Le schéma du cercle vertueux / vicieux est simplement là pour illustrer les synergies qu’il peut y avoir entre confiance et estime de soi. Cela permet aussi de faire des liens entre notre rapport à l’échec, notre estime et in fine notre bien-être.
Et c’est passionnant !
Car notre rapport à l’échec en dit long sur la société dans laquelle nous évoluons. Cela en dit long sur ses valeurs. Et selon moi, les valeurs héritées de notre société tendent à fragiliser notre estime bien plus que nous ne l’imaginons.
Pour aller plus loin 🚀
